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Lune Pourpre


Extrait
Première Fois

Cette nuit-là, étendus sur un tapis de mousse délicatement douillet, Clovis et Aurore contemplaient, main dans la main, "le chemin des âmes"٭ balisé par les étoiles. Au fil de leurs secrètes rencontres, les deux tourtereaux apprenaient à se découvrir au beau milieu de la nuit. Ils se retrouvaient à l’insu de leurs familles respectives, de toutes les commères du bourg, mais aussi et surtout, en dépit de ce précieux sommeil qui leur ferait cruellement défaut au point du jour.

Une brise légère défroissait les ramages des saules pleureurs bruissant à souhait. De temps à autre, un hibou se prenait à boubouler, trahissant ainsi son invisible présence. L’atmosphère était, ce soir-là, plus que jamais propice aux promesses d’un amour infini. Clovis, qui était aux prises avec une fougue devenue irrépressible, osa ce qu’il avait ardemment désiré chaque nuit où il avait été privé d’elle. Il s’approcha, couvrit de baisers aussi fugaces qu’incandescents la gorge de sa belle, puis glissa une main sous son corsage, effleurant son bas-ventre du bout des doigts. Chacun de ses gestes était précédé d’une hantise insoutenable, tant il redoutait qu’elle en vienne à le repousser. Mais il n’en fut rien, car il ignorait qu’en son for intérieur, Aurore brûlait d’envie de braver les interdits pour être sienne, envers et contre tout, sans pour cela attendre d’être soumise au rite du mariage. En cette nuit, elle n’avait que faire des convenances. L’étreinte enivrante qu’elle pressentait faisait chavirer tous ses sens, jusqu’à en perdre la raison. Elle l’aimait et savait qu’il était follement épris d’elle. Rien ne devait rompre l’enchantement envoûtant de l’instant. N’en déplaise à sa conscience.

D’une outrageante délicatesse, il délaça son corsage, puis déposa un baiser langoureux sur ses salières, dont la saveur douceâtre était comme une incitation au péché. Le cœur de la jeune femme s’emballa, tel un cheval au galop. Les lèvres de Clovis s’étaient voilées d’une bruine de désir qui, en frôlant l’un des seins de la jeune fille, éveilla tous les sens de celle-ci. Son enveloppe charnelle était en émoi. Ses tétons pointaient déraisonnablement. Clovis se prit à les goûter en les suçotant, puis en les mordillant avant de les faire rouler autour de sa langue, encore et encore. Timidement, elle lui caressa la nuque. Ses cheveux exhalaient un parfum subtil, à la fois tendre et musqué, qui n’appartenait qu’à lui. Elle en raffolait. Jamais, dans ses rêves de jeune fille les plus secrets, elle n’avait soupçonné chez lui de prédispositions particulières pour une sensualité aussi osée. Du bout des doigts, il s’aventura effrontément le long de ses cuisses, de haut en bas, puis de bas en haut, jusqu’à s’égarer dans le creux de sa taille, avant de redessiner les contours de son bas-ventre. La tentation de la chair affleurait dans une gestuelle que tous deux se prirent à découvrir ensemble. Écartelée entre désir et chasteté, elle se révéla d’humeur inconstante. S’abandonnant tout d’abord à de brûlantes caresses, elle tenta de protéger son intimité, l’instant d’après, en enfouissant ses jupons entre ses deux cuisses.

٭ La Voie Lactée.
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